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06/02/2010

"Les marchés braquent l'Europe", s'affole la presse

CAGOULE3[1].jpgPortugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne : maintenant les marchés attaquent les Etats !

Pure logique prédatrice : celle de l'argent laissé libre de ravager le monde...


 

Comme prévu, la crise du capitalisme tardif reprend. Comme prévu, elle s'attaque maintenant aux structures de la société : les Etats. La spéculation financière se déchaîne contre eux... en feignant de « s'inquiéter de leurs déficits ». C'est un comble ! Même si la Grèce est critiquable, son déficit, comme celui de tous les Etats européens, a été aggravé pour sauver de la faillite le secteur de la finance (qui mourait de ses mauvaises moeurs) : et c'est ce qui a fait plonger l'euro depuis des mois.

Aujourd'hui les marchés financiers jouent l'éclatement de la zone euro [1]. Selon la presse économique, l'attaque est orchestrée par « une grande banque d'investissement américaine et deux très importants hedge funds ». Leur objectif est d'extorquer aux Etats visés « des taux d'intérêt de plus en plus lourds tout en spéculant ». Pour ce faire, ils créent une panique, artificielle et très exagérée, sur le marché des credit default swap (les CDS : assurances contre l'insolvabilité d'un Etat débiteur). Les CDS « ont un prix et s'échangent sur un marché non régulé et totalement opaque » : « avec 200 millions de dollars, vous jouez comme si vous aviez un milliard de dollars ». Voilà la réalité de la partie en cours, qui consiste à saper l'Europe dans l'intérêt de spéculateurs américains. [2]

Ce qui se passe depuis dix jours est donc révoltant : le casino financier, cause de la catastrophe de 2008-2009, se retourne contre les Etats, qui lui ont (hélas) sauvé la mise l'an dernier au lieu de le fermer, de reprendre en main l'économie de la planète et de faire naître le « gouvernement de l'économie mondiale » que Benoît XVI appelle de ses veux... « On n'a pas dégonflé la bulle du crédit mais on l'a regonflée, en faisant porter le fardeau de la dette non plus aux agents privés mais aux Etats », constatent les économistes lucides. Aujourd'hui le casino utilise l'affaiblissement des Etats pour jouer contre eux ! « Les marchés mordent les mains qui les ont secourus », écrivent les éditorialistes. Quant aux fameuses agences de notation, gravement coupables des subprimes (et qui furent incapables de voir venir la crise), elles ressurgissent pour saper le crédit des Etats européens, contribuant ainsi à créer ou aggraver la panique sur les marchés.

Faut-il s'en étonner ? Etre le prédateur de la société est la vraie nature du capitalisme libéral. Laissé à lui-même, il cesse d'être économique pour se virtualiser dans la spéculation ; et la spéculation joue contre la cité des hommes.

Ce golem avait été lâché sur le monde il y a vingt ans. Personne ne sait comment reprendre le papyrus magique qu'on lui avait placé dans la bouche et qui lui donne la liberté de mouvement. Qui avait placé ce papyrus ? Les Etats eux-mêmes, abandonnant ainsi leur mission de protéger le bien commun. C'est ainsi qu'ils ont trahi les peuples, et que l'Occident est entré dans la postdémocratie...

Aujourd'hui c'est aux Etats de se ressaisir et d'arrêter le golem. S'ils ne le font pas, la catastrophe est prévisible. La chute de ce système ne nous fera pas verser un pleur en elle-même ; mais ses dégâts humains seront effrayants.



 

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[1]  La zone euro se révèle ainsi n'être pas un sanctuaire : les marchés peuvent torpiller l'euro comme ils torpillaient les monnaies nationales. Et le cas de la Grèce illustre le défaut structurel de la zone euro depuis son origine : assembler artificiellement des économies et des systèmes politiques disparates. Cela dit, les pays de la zone euro n'auront que 6 % de déficit budgétaire en 2010 selon le FMI, alors que le Japon et les Etats-Unis sont à plus de 10 %. On aimerait que les europhobes réfléchissent à ces chiffres. D'autre part, ni l'Italie ni même la Grèce ne sont au bord de la faillite.

[2]  Les paléo-souverainistes diront : « qu'importe la spéculation américaine du moment qu'elle dévalorise l'UE ». C'est un raisonnement de gâteux colérique.

  

 

Commentaires

EN DANGER

> Suite a cette crise profonde du capitalisme, ce qui est le plus effrayant c'est que les democraties elles-memes se mettent en danger. Les dictateurs ont de beaux jours devant eux.
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Écrit par : David / | 06/02/2010

DIEU ET L'ARGENT

> 'L'on ne mange pas avec le diable, même avec une longue cuillère!' L'adage semble avoir été oublié, il ne restera plus qu'à payer l'addition. Et je ne vous apprendrais rien, c'est toujours les mêmes qui la paieront, les plus pauvres d'entre-nous.
L'on ne peut pas servir DIEU et l'argent. Cette citation biblique devrait être inscrite, en lettre d'or, sur les frontons de nos églises. Je sais que cela ne changerait rien à la spéculation, mais au moins les gens seraient avertis.
Merci !
JFL
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Écrit par : Jacques-François dit Locard / | 06/02/2010

QUE FAIRE

> Révoltant ! Oui, et le pire, c'est qu'on est obligés de subir, de laisser le processus se dérouler, comme les vaches regardent passer les trains...
Car, nous, citoyens lambda, mis à part s'émouvoir, réfléchir, faire part de nos émotions et de nos réflexions (sur ce blog ou ailleurs...), que pouvons-nous faire pour arrêter cette involution avant son terme ? C'est à dire avant le bain de sang qui s'annonce ?
Rien, strictement rien.
Ou alors démontrez-moi le contraire.
Fonctionnaire, j'assiste, impuissant, au délitement de de qui était pour moi un repère fort : l'Etat républicain. Vente du patrimoine immobilier de l'Etat, externalisation d'un nombre croissant de fonctions, restructurations injustifiées, mise en place -très bientôt- du licenciement économique des fonctionnaires (si, si), ... Voir mon pays tomber si bas me rend triste à mourir. Un de me seuls motifs d'espérer : la prophétie de Marthe Robin (et encore)...
Feld
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Écrit par : Feld / | 06/02/2010

à Feld,

> je formule simplement cette remarque : les fonctionnaires ne peuvent se poser en seule victime dans cette affaire car en vérité un certain nombre ont largement contribué à dévaloriser les services de l'Etat en se retranchant derrière la sécurité de l'emploi ou l'impunité au lieu de servir l'Etat avec zèle. Tout comme vous je m'inquiète de la remise en cause de beaucoup de nos institutions, pour autant c'est à chacun de nous d'agir, de soutenir les politiciens qui oeuvrent pour le service du bien commun car il y en a.
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Écrit par : Mathieu / | 07/02/2010

BANQUES ALTERNATIVES

> On peut déjà quitter en masse les banques "traditionnelles" qui se servent de nos petites économies pour asseoir leur puissance spéculatrice.
Il existe des banques alternatives dont le capital autant que les investissements dépendent de et sont tournés exclusivement vers les placements éthiques.
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Écrit par : JG / | 08/02/2010

REVIREMENT

> Comme c'est bizarre... Jusqu’à il y a 15 jours, on ignorait tout de cette situation. Des gens comme Etienne Chouard avaient beau sonner le tocsin depuis des années, silence total dans les médias. D’où vient ce revirement soudain ?
Voilà peut-être pourquoi l’Eglise interdisait traditionnellement l’USURE. Est-elle aujourd’hui plus laxiste à cet égard ?
La solution serait que les nations se ressaisissent de ce qui leur appartient de droit (car ce sont elles qui créent la richesse par leur travail, et non les banques) et qu’on leur a dérobé à leur insu : leur monopole de la création monétaire.
Comment ce kidnapping s’est-il produit ? A la faveur, si on peut dire, du grand bouleversement des deux guerres mondiales ?
Mais les Etats sont-ils aujourd’hui en mesure d’échapper à ce racket global?
La raison pour laquelle j’ai toujours été pour le NON à la « Constitution Européenne / Traité de Lisbonne », est qu’il/elle contient précisément une disposition interdisant aux Etats de frapper leur propre monnaie, leur imposant de l’emprunter aux banques privées, contre intérêts.
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Écrit par : Polycarpe / | 09/02/2010

Les commentaires sont fermés.